C’est la pompe qui fait la ballerine
J’ai craqué : avec l’arrivée des premiers jours de détente climatique et des premiers rayons de soleil, j’ai filé acheter mes Repetto fantasmées depuis plusieurs semaines. Elles sont en vente sur le site de La Redoute, mais comme j’aime bien acheter les trucs directement chez le producteur sous le pie de la vache, et bien je suis allé dans la boutique éponyme rue de la Paix. Y’en a qui vont à la ferme chercher leur lait et leur fromage, moi je vais direct dans l’antre des petits rats.
D’abord je dois préciser que je ne suis pas exactement dans l’esprit « ballerine de Balanchine » : je n’ai jamais été fascinée par cet univers rose bonbon. Quand j’étais à l’école, je me souviens très bien qu’il y avait le clan des filles à chignons retenus dans un filet. Elles se déplaçaient avec une grâce forcée et le coup de pied péremptoire. Je me sentais la légèreté d’un éléphant nain en leur présence, et je me suis donc mise à pratiquer des sports plus en accord avec ma nature, comment dire…virile. J’étais une vraie fifille, mais j’avais des attitudes de garçons et des gestes très gauches. Mes parents ont bien tenté de me faire entrer dans « le clan des filles à chignon », mais je me suis échappée au premier cours tant cette vision de filles tout de rose vêtues accrochées à leur barre m’a fait l’effet de ouistitis domestiqués à coup d’accords de piano classique. Je vous rassure, depuis j’ai un peu évolué : j’arrive à me faire passer pour une vraie fille en société…
Mais revenons à nos moutons. Quand je suis entrée dans la boutique, toutes mes appréhensions de gamine sont remontées à la surface : des centaines de pointes et de demi-pointes s’empilaient du sol au plafond, des dizaines de justaucorps étaient alignés sur des portants. Je me suis adressée à une vendeuse en me demandant vaguement si je n’allais pas être mise à la porte pour présence incongrue, mais non, finalement tout s’est bien passé. Bon, en même temps, j’ai pas traîné, je ne me suis pas senti hyper à l’aise entourée de nanas qui, elles, à n’en pas douter, avait fait partie du fameux clan (…des filles à chignons, faut suivre que diable !). Mais ça y’est, j’en suis : maintenant moi aussi je possède une paire de chaussures estampillées Repetto. Et je n’ai toujours pas de chignon !