Le coup du maillot
Ça fait déjà un moment que l’on nous abreuve de conseils pour bien choisir notre maillot de l’été. Bizarrement, c’est le genre d’infos qui ne m’intéressait pas du tout quand je vivais sous le soleil niçois. Je possédais plusieurs maillots, achetés un peu partout, en supermarché ou sur le marché, et je n’aurais jamais songé, avec ou sans argent, à m’acheter un minuscule bout de tissu au prix d’un pull en cachemire. La maillot est un truc utilitaire dans le sud, on ne sacralise pas un truc qui ne durera pas de toute façon, au rythme de plusieurs bains en mer ou en piscine toutes les semaines pendant au moins quatre mois.
Et voilà donc que je me mets à fantasmer sur un Eres. Pile poil le bon moment pour ce type d’achat quand on a son compte dans le rouge fluo. Enfin, bref, ça va être un fantasme au long cours, de ceux qui durent, qui durent…
Je n’arrête pas d’entendre ou de lire que ces maillots-là transforment leurs heureuses propriétaires en sirènes merveilleuses. Et c’est là que je m’interroge : comment un truc qui ne couvre qu’une toute petite partie de notre anatomie peut-il nous transformer aussi radicalement ? Pour moi, ça rentre dans la même case que le grand dossier : « Choisissez le maillot qu’il vous faut et qui mettra votre silhouette en valeur ». Je trouve que partir du principe que très peu couverte on peux envisager d’être encore mieux que dans son bon vieux jean, c’est déjà un truc bizarre. Personnellement, si je dois enlever les couches de tissus qui me couvrent en temps normal, on ne s’oriente pas vers un mieux pour ma silhouette, même si le tissu qui me reste coûte un smic.
En gros, je me demande si vous y croyez vous, au « maillot qui fera de vous une déesse ». Je ne parle pas que du fameux Eres, mais aussi de celui qui est fait pour vous, qui vous attend quelque part sur les portants du bd Haussman.
Je veux bien croire qu’un maillot puisse gommer un ventre un peu trop présent et un bourrelet par-ci, par-là, mais il est comment celui qui gomme la culotte de cheval, qui remonte votre popotin, qui vous allonge la jambe ? Ne ressemblerait-il pas étrangement à une combinaison de plongée ?
Ce sont les femmes du Moyen-âge et même celle de l’époque moderne, qui étaient vernies en fait : non seulement les rondeurs étaient tolérées mais surtout requises, mais elles paraissaient couvertes en permanence d’une fine blouse qui entretenait un mystère et une exquise sensualité. Bon, je suis d’accord, c’est pas hyper pratique de nager en robe, ( et je vous explique même pas pour bronzer!), mais au moins, elles n’envisageaient pas de ruiner leur famille jusqu’à la douzième génération pour un maillot Eres, elles !